La naissance des transports en commun à Bordeaux eut lieu aux alentours de 1830, sous la forme d'omnibus à chevaux. Cinquante ans plus tard, en1880, le premier réseau de tramway sur rail tractés par des chevaux était implanté dans le cœur de la ville par une société britannique.
Dès 1888, les maires du Bouscat, d'Eysines et de Blanquefort, lassés d'être négligés par la compagnie de transport du centre de la ville, se regroupaient pour créer la première ligne de tramway électrique de l'agglomération. […] A l'époque, il convenait de changer de compagnie de transport pour pénétrer dans Bordeaux avec un tram encore tracté par des chevaux. Si bien que dans les années 1890, le quatrième réseau de tramway électrique de France, après ceux de Clermont-Ferrand, de Marseille et de Lyon, n'était pas celui de Bordeaux mais celui de sa banlieue!
Ce n'est qu'à partir de 1900 que le centre de la ville adopta l'électricité. […]
__________
[…]
[…Considérons] les cas comparables de Grenoble, où le tram fut réintroduit en 1987, et de Berne en Suisse, où il ne fut jamais supprimé, la part des déplacements en transport en commun plafonne actuellement à 15% à Grenoble contre 35% à Berne.
La permanence du tram a par ailleurs encouragé l'usage des deux-roues, qui pèsent 25% aujourd'hui à Berne contre 5% à Grenoble. Ainsi, l'automobile est-elle toujours reine à Grenoble (80%), quand son utilisation est contenue à 35% des déplacements à Berne.
La suppression des trams en France procéda d'un véritable "sabotage", selon Jean Sivardière [président de la FNAUT (Fédération nationale des associations des usagers des transports)]. "Non seulement on ne renouvela pas les matériels, mais on ne fit aucun effort pour isoler les trams de la circulation automobile grandissante. Tout fut fait pour écœurer l'opinion, à grand renfort de campagnes de presse", raconte-t-il.
Le bras de fer entre les pétroliers et l'industrie électrique avait commencé dès les années 30 aux Etats-Unis. […]
"Paris emboîta le pas à l'Amérique, avec une avance de vingt ans sur la province française. L'Exposition universelle de 1937 fut ainsi préparée, avec pour objectif affiché de "débarrasser la capitale de ses trams". Pour le plus grand profit les autobus Renault.
''Quand Chaban décida de supprimer le tram de Bordeaux, en 1958, ses exploitants étaient en passe d'acheter de nouvelles motrices et de nouveaux wagons. Mais personne ne le sut à l'époque. […]
Nul ne peut dire le visage qu'aurait aujourd'hui l'agglomération si les 200 kilomètres de rails du vieux tramway avaient été conservés et modernisés périodiquement.
(Dominique de Laage, SOD, 30/11/03, p. 18)
___________