Ø § ê


CONCERTATION

—o—

A—Remarques sur des aspects de la concertation menée par la CUB dans le n°2 du 2e trim. 2006 de sa revue, relativement aux projet de pont L.-Faure et de grand contournement

I-15 :

la concertation, principe:

Prolonger la concertation revient à la faire tomber dans les vacances, les examens, les congés, le foot, etc. : période usuelle pour faire passer les décisions difficiles, impopulaires... où les citoyens sont naturellement peu motivés pour réagir dans un débat, surtout pour ou contre un pont dont les caractéristiques, le devis et le constructeur sont déjà approuvés en toute légalité par des élus pas plus compétents que la société civile.

Ainsi, l'électeur se demande: "à quoi bon bavarder dans le vide pour ne rien changer de sérieux, et pour approuver des élus carriéristes en manque de concertation, c'est-à-dire de l'approbation des citoyens ?" (voir B—, un exemple plus bas §)

Qui plus est, le politique fait valoir le peu de réaction contre son pont pour le justifier alors qu'il ne dit mot du peu de réaction pour. A ce sujet, on peut comparer les réactions au sujet du pont avec celles relatives au contournement. Le pont, vu comme un sujet abstrait, ne mobilise pas les foules (plutôt les "intellectuels", peu nombreux) alors que le contournement perçu concrètement par la masse des paysans, comme une route écrasant leurs propriétés et leur cadre de vie sur son passage, remue les foules. Mais ne pas s'y tromper, les deux débats sont d'une importance capitale; il s'agit bien de détruire dans les deux cas: un port bimillénaire et du vignoble historique mondialement réputé.

La seule concertation honnête aurait été, avant tout choix imposé, un référendum éclairé par des techniciens hors Cub exposant des exemples, connus en France et ailleurs, de tunnels et de ponts mobiles (le lecteur peut voir sur Internet : France tunnel ou France pont ouvrant…).

Une vraie concertation devrait pouvoir déboucher sur un choix, entre des sortes de tunnels et de ponts mobiles, en l'occurrence. Mais a-t-on déjà vu des élus laissant leur pouvoir de décision, leur seule prérogative officielle, aux citoyens de qui ils tiennent ce pouvoir, quelles que soient les compétences respectives? Ce serait la démocratie directe… La seule qui rendrait la concertation justifiée.

En l'absence de ces conditions idéales, la concertation n'est qu'un bluff, surtout après le choix, choix qu'on appelle en la circonstance "concertation renforcée", sans rire, comme pour se moquer sous cape des contribuables ! Et leur prouver que les élus sont seuls capables de faire "le bon choix" (ici, "le choix de la Cub"), raison pour laquelle ce choix est décrété parfait et donc inchangeable.

"concertation" signifie pour ceux qui la lancent, une simple retouche de juste quelques détails. Point n'est question d'éradiquer des défauts déjà connus : entrave réciproque à la circulation routière et maritime résultant des ouvertures de pont, refus des marines marchandes de passer les ponts mobiles, emprise d'un pont, feux de carrefour, etc. Il ne s'agit pas plus de rendre le pont capable d'accueillir le Xtal Serenity, c'est-à-dire de le rendre utile. Ni de gommer l'inconvénient des marées ou de faire draguer le chenal de l'estuaire par le PAB… etc.; ni les "défauts majeurs", prévisibles mais qui ne se manifesteront que dans le flou du futur. On se rappelle les fameux "emmerdements majeurs" qu'on nous a annoncés.

Mais, le résultat se nommant "bilan de la concertation" ironiquement, il doit satisfaire tout le monde.

Et, quels que soient les "ennuis prévisibles" des ponts à Bordeaux, il ne serait plus temps d'étudier un tunnel. Mais pas interdit, puisque en France, les classiques "responsables" ne sont pas "coupables."

II-16 :

un franchissement

"franchissement", dans ce débat ne signifie plus que "pont ouvrant L.-Faure"…

Mais, ailleurs en France, on trouve une vingtaine de tunnels divers : Nogent/Marne (par Bouygues), Toulon, Marseille, Fréjus, le tunnel sous la Manche, etc.

"axes" à Bordeaux : la Cub a reconnu le mal-fondé de "franchissements" tels qu'au droit du cours du Médoc..., des Quinconces…, du cours X.-Arnozan, qui aurait défiguré le jardin public n'en déplaise à Chaban, du cours d'Alsace, qui aurait rendu impossible l'évitage des paquebots devant la Bourse. Avec le recul, le génie des élus saute aux yeux. On se rappelle le fiasco des ponts mobiles de Chaban :

25/07/92, Benoît Lasserre, SO
On repart donc de zéro. C’est ce qu’a dit à plusieurs reprises le maire de Bordeaux, hier après-midi au cours d’une conférence de presse destinée à officialiser ce qu’on subodorait déjà, à savoir l’abandon pur et simple du projet de pont tournant pour lequel soixante-dix architectes du monde entier s’étaient mobilisés, cinq seulement étant retenus en juillet 1991.
Il a beaucoup fait rêver ce pont de science-fiction. Sauf deux personnes. Thierry Guichard, lorsqu’il est devenu directeur général des services techniques de la CUB, et Jean Millier, président de l’Institut français d’architecture et, sur le plan local, président du Comité des deux rives. Tous deux, lorsqu’ils ont plongé leur nez dans les études, en ont blêmi de peur. Et, comme le dit Chaban, la peur est contagieuse. "Jean Millier était effrayé par ce qu’il découvrait, à mon tour j’ai été effrayé."
[…]
[…] "[…] Je sais seulement que nous repartons de zéro et que, grâce à ces deux études, nous évitons de nous lancer dans une aventure insensée qui aurait très mal tourné."

"un nouveaux franchissement"

en 96, on ressent le "besoin de 3 nouveaux franchissements": L.-Faure, J.-J. Bosc, et, au cours du Médoc ou aux Quinconces. Ces 3 derniers abandonnés en 98 au profit de L.-F, prioritaire sous forme de pont mobile. Dans les textes, émanant de la CUB, la possibilité d'un tunnel y était tue : on y parlait de "franchissement", "d'étude", de "protocole Etat-Région-CG-CUB".

Logiquement, dans le dossier CUB, on décide subitement "de privilégier l'option pont levant dès 2000": cela fait donc 7 ans déjà qu'on travaille, systématiquement, à couler le tunnel et à favoriser le pont mobile avec son esthétique GTM (dont on n'ose pas avouer l'origine marseillaise...)

Les maquettes du pont levant présentent (voir exposition CUB):

> une gestion discutable des pistes piéton et vélo au droit des voies d'accès sur berge,
> des défauts d'apparence peu compatibles avec un classement au patrimoine mondial,
> un manque de discrétion par rapport au paysage fluvial Bordelais,
> une monstruosité des dimensions réelles de l'ouvrage que la petitesse des maquettes ne permet pas de saisir
{S},
(> défauts que n'auraient pas un tunnel, dont un modèle est visible barrière St-Genès.)

II-16

Genèse

Un axe J.-J. Bosc, ou un axe Latresne, ne sont pas les mêmes, bien que voisins. Le premier joindrait un boulevard classique à la rocade Joliot-Curie, le second, également un pont de plus en amont de Bordeaux, peut devenir l'âme d'un contournement par l'Est, mais non défigurant, rapide et bon marché à établir, dont la mise en service permettrait d'attendre une solution non défigurante par l'ouest.

Mais les élus ignorent ce genre de solution, car elle n'a pas fait l'objet de marchandages (Penser au pont L.-F et au contournement par l'ouest…) ; et, bon marché, une telle solution est privée du nerf politique. Voir R18.

Ignorant une possible solution par l'Est, nombre d'élus ont commencé à opter pour le tunnel avant de se limiter au pont :

[…] la ligne de partage est apparue entre le camp Juppé, plutôt favorable au tunnel, ainsi que le communiste Michel Broqua, et le camp Rousset qui penche plutôt en faveur du pont. Le président PS du Conseil régional s’est quant à lui franchement engagé pour le pont alors qu’Hugues Martin est apparu comme le plus fervent défenseur du tunnel. "Le pont va nous apporter des emmerdements majeurs," a-t-il ainsi déclaré, aux dires d’un de ses collègues.

(Benoît Lasserre, SO, 28/11/00)


[…]
[…] "Oui, c'est vrai, j'étais favorable au tunnel mais, rassuré par les études techniques, je me rallie au bon sens", déclare [Hugues Martin…].
[…]
[…] Pour les communistes, Michel Broqua se dit "stupéfait par cette persistance à mettre en évidence, avant toute autre considération, le coût du tunnel. On savait d'avance qu'il y aurait un écart conséquent entre le pont et le tunnel," rappelle-t-il avant d'évoquer les inconvénients d'un pont levant pour la circulation. "La solution pont traduit un manque d'ambition et nous votons contre."
[…]
(23/12/00, Benoît Lasserre, SO):

Le pont a fait bien sûr, l'objet d'études théoriques ,mais, restées discrètes, et qui n'ont pas été toutes concluantes pour tous les gabarits de paquebots. Cela n'empêchent pas les "commissions d'appel d'offres" d'approuver le projet de Marseille sans réserves alors que les vents et les courants sont sévères à Bordeaux, comme les pilotes le savent.

A la lecture des études, on a l'impression qu'il suffit aux promoteurs d'écrire le mot "études" ("préalables", encore mieux) pour qu'un défaut de conception devienne une qualité. Exemple:

On fait croire qu'il existe dans le pont "une continuité de la ceinture des boulevards" alors que cette "continuité" est capable d'être rompue pendant 2 heures suivant les caprices des entrés et sorties de bateaux, liés à ceux de la marée.

La perte de trafic "urbain" (on ne dit pas "routier"…) résultante est prévue pour se répartir sur les autres ponts (surtout d'Aquitaine, bien que déjà candidat aux bouchons, d'autant plus que le pont de pierre est saturé).

Le pont assurera "Le bon développement des quartiers": mais le trafic, ça pollue les quartiers en contact avec le flot des véhicules déversés par un pont, comme déjà connu dans les quartiers soumis aux voies d'accès au pont d'Aquitaine (Tissot, etc.)

Le pont aurait un "Caractère résolument urbain", mais, prévu au gabarit du pont d'Aquitaine, il pourra, par "le fait accompli du prince", le bon moment venu, gérer camions et pollution de "quartier" — tout comme une rocade devient, par l'opération d'un esprit ceint d'une écharpe adéquate, une super-rocade à nom variable. Alors qu'un tunnel, à gabarit et devis réduits, ne le peut pas, ce qui embête les pseudo-moralistes pontiers.

Le pont d'Aquitaine, prévoient les tenants du contournement ouest, sera bouchonné dans 10 ans. Or le pont levant est au gabarit du pont d'Aquitaine (dessin p. II-16). Les élus, qui sont la charité même, vont-ils se priver d'un commode aspirateur à camions délesteur de pont d'Aquitaine, au gabarit prévu pour, le moment venu, s'intercaler parfaitement entre deux zones de trafic intense — l'autoroute Joliot-Curie et le rond-point du réseau routier de Latule ?

Entre l'Europe et la Péninsule, qui sait comment se comporteront dans 10 ans le pont L. -F. et le "contournement" surchargés ?

En attendant, ce qui freinerait autos et camions, entre ces deux points de l'Europe, c'est un pont ouvrant qui s'ouvrirait vraiment, c'est-à-dire souvent, ce qui embêterait les camionneurs ! Y a-t-il un risque ?

Un autre coup de frein à la circulation transitaire, plus possible, même pont baissé, serait un péage, entre sud et nord de Bordeaux. Cela résoudrait en partie le grand contournement ouest… pour pas cher.

On peut aussi luter contre la pollution en recourant comme à Marseille, non à un pont pollueur, mais à un petit tunnel à péage, d'un prix dans l'ordre de celui du pont singeant le pont d'Aquitaine. Et cela résout le pb des marées, des coupures de circulation, de l'esthétique du pont, etc., sans parler de l'accueil des grands navires. Le meilleur rapport qualité/prix.

III-17 :

des pourquoi étonnants.

Pourquoi un pont à L.-F. ?…

"Pour le placer comme maillon essentiel des déplacements urbains, tout en protégeant cet axe des trafics routiers"!…

En fait, ce "maillon essentiel urbain", étant prévu au gabarit du pont d'Aquitaine, est appelé logiquement à subir de + en + de trafic routier, dit hypocritement "urbain".

"A égale distance des ponts de pierre et d'Aquitaine", en conséquence, s'il sert vraiment, ce pont BaBa se délestera à chaque ouverture sur le pont d'Aquitaine, dont le bouchonnage est attendu sous peu, par P. Madrelle en particulier (raison de sa croisade pour le contournement). Le flot n'inondera pas volontiers le pont de pierre, car déjà impraticable. A la rigueur le pont d'Arcins, mais il est trop loin.

Par sa situation, on prétend donner à ce pont BaBa un rôle de "rapprochement de territoires en plein développement", "générateurs de déplacements" : donc un pont qui, en fait de rapprochements, créera ses propres bouchons tout en bouchonnant les autres ponts; sans parler des bouchons par coupures de trafic routier (pardon, urbain) aux passages des bateaux — si les armateurs insistent pour passer.

Pourquoi pas un tunnel ?

"Caractère uniquement routier du tunnel" (ils y tiennent) : mais un tunnel n'est pas un jeu de piste ni un promenoir. Il est fait pour "traverser" le + vite possible en sous-sol. Pour des "piétons" pris en charge par un transport en commun qu'on se vante de leur mettre à disposition, 400m en tram n'est pas un handicap. En fait, les tunnels en exploitation, France et étranger, sont faits pour des véhicules et non pour des promeneurs à pied.

Alors, comment qualifier le tunnel de Marseille, d'utopie ? >http://www.tunnelprado.com/ ?

Il est plus long que la largeur de la Garonne. A péage, il sert aux autos et personne ne s'en plaint. Il est même en train de subir des extensions.

Tunnel et pont sont complémentaires mais il faut savoir ce que l'on privilégie.

Si l'on veut sauver le port avec ses paquebots dans la rade, c'est le tunnel qui le peut. Si l'on se moque du port unique en son genre devant l'Histoire, un économique pont rasant de pacotille, genre pont des Quinconces, suffit.

Il faut comparer le comparable : la rade de Bordeaux est la rade du St-Laurent d'Europe : imagine-t-on un pont pour barrer le St-Laurent, alors que les Marseillais ont fait un tunnel pour ne pas couper leur petit vieux port ?

Si l'on insiste hypocritement pour faire croire que le pont est "urbain" (voir schéma de profil), que dire d'un tunnel, éliminateur de poids lourds par nature, qu'on peut ajuster au fond de la Garonne à tous les profils et devis, à tous les cheminements et destinations ?…

Quant aux prix, sous prétexte qu'on insiste pour présenter le tunnel comme "cher", pourquoi prendre comme base de comparaison un grand tunnel inutile au lieu d'un petit adéquat alors qu'on rebat les oreilles du public à demander de "l'urbain" ?

A noter que de par le monde on a construit et on construit couramment nombre de tunnels (un des premiers, toujours en service, est l'œuvre d'un Français à Londres en 1845…). Les techniques sont au moins aussi banales que celles des ponts ouvrants. Les paquebots voguent au-dessus des tunnels, mais les armateurs n'ont pas promis de se faire emprisonner par des ponts ouvrants, c'est-à-dire fermants.

Pourquoi un pont levant ?

La réponse laisse soucieux : "Pour préserver l'avenir maritime de Bordeaux"… Et, ajoute-t-on: "Ce type de pont ne compromet pas l'accessibilité du centre-ville…"

Voyons. Pour tous les ports de tourisme aujourd'hui, l'avenir, c'est la croisière, c'est-à-dire les paquebots, et de plus en plus gros alors que le pont CUB n'accepte que le passage de bâtiments qui seront de + en + petitement moyens (dimensions d'avant-guerre, en quelque sorte…), mais que le prospectus CUB qualifie de "grands navires"... Et à condition que les armateurs n'aient pas peur du pont, comme il en serait déjà question à Rouen ?…

En fait, ce pont condamne par ses limites la croissance du port, bien qu'on nous fasse accroire l'inverse.

Quant à atteindre le centre-ville en paquebot, c'est un jeu de mots: le centre-ville maritime, comme les touristes étrangers le savent (voir interviews sur TV7), même si la CUB l'ignore, c'est le bassin devant le quai de la Bourse, "le quai d'honneur", à ne pas confondre avec celui de la bourse maritime. Au bassin de la Bourse, n'accostent plus même les bâtiments à coques réduites, ne serait-ce que parce qu'on s'est ingénié à faire couler un bain pour moustiques sur le quai d'honneur même, afin d'en chasser les paquebots (appelés "caisses à savon"). Pourquoi ? Ça fait un tout.

A vous de juger.

___________________

B—Exemple de concertation typique: le barrage de Charlas.

Les Verts contre le projet de barrage de Charlas
Les Verts ont vivement critiqué hier la construction d'un barrage à Charlas (Haute-Garonne), en regrettant le choix d'un "aménagement pharaonique" plutôt que de "politiques écologiques". Ils regrettent aussi que ce projet contredise l'opinion des "citoyens mobilisés" dans les précédents débats publics tenus sur le sujet.
(SO, 05/07/06, p. 1-7)
8

___________________

C—Exemple à nos portes.

[…]
[…] [ Philippe Hervé (UMP) ]: "J'ai l'impression que les dés étaient pipés", dit-il en écho aux propos de Jean Touzeau rappelant que "le gouvernement Raffarin a stoppé unilatéralement le processus de travail de la commission chargée du grand contournement". Selon le chef de file de l'opposition, ce grand contournement sera "déjà obsolète en 2020".
[…]
Les élus à une forte majorité ont donc voté le vœu pour que soit lancée une concertation et que le projet prenne en compte "la nécessité absolue de mettre en œuvre un plan global prioritairement axé sur le ferroviaire et le maritime".
"C'est un débat majeur qui en son temps n'a pas été assez ouvert, moi je fais le pari de l'intelligence", notait Jean Touzeau.
(Dominique Andrieux, SO, 06/07/06, p. 2-13)

[N'aura-t-on que des vœux pieux à opposer au fait accompli?
Vœux mâtinés de "C'est bien plus beau lorsque c'est inutile!]

___________________

 

 

é