année |
tonnage |
année |
tonnage |
année |
tonnage |
année |
tonnage |
1910 |
4,051 |
1970 |
11,455 |
1995 |
8,979 |
2000 |
9,315 |
1920 |
4,617 |
1975 |
13,090 |
1996 |
8,707 |
2001 |
8,964 |
1930 |
5,007 |
1980 |
13,552 |
1997 |
8,412 |
2002 |
8,614 |
1950 |
3,423 |
1985 |
10,688 |
1998 |
8,729 |
2003 |
8,394 |
1960 |
5,509 |
1990 |
08,724 |
1999 |
8,941 |
2004 |
gros soucis |
Commentaire : On remarquera que la fermeture définitive des 3 raffineries au début des années 80 a porté un coup irrémédiable à la bonne évolution du trafic. Aucune recherche compensatoire n’a été entreprise hélas, mis à part le petit sursaut de 2000-2001 dû essentiellement à l’exportation des bois de chablis après la tempête de 1999. Faut-il donc que les bourrasques détruisent toute la forêt des Landes pour que le PAB survive? Cette passivité devant la conjoncture est affligeante. Si l’on se réfère aux 8 dernières années (qui correspondent à l’ère JUPPE), on observe une relative stabilité jusque en 2001 à partir de 2002 une baisse sensible et constante. 2004 sera sans doute catastrophique avec la chute de la maïsiculture en raison de la sécheresse. De plus l’arrêt définitif de la centrale EDF (au fuel) a toutes chances d’aggraver encore la situation des imports d’hydrocarbures. Nouvelle défaite. D’autre part, si l’on fait abstraction des hydrocarbures (dont le rôle dans le tonnage global n’a démarré véritablement qu’au début des années 50), on remarquera que le trafic autre que le vrac liquide s’est élevé à 4,310 millions de tonnes soit un peu moins que le trafic de 1920 et beaucoup moins que celui de 1930! On ne s’étonnera pas d’observer la dégringolade du rang de Bordeaux dans la hiérarchie des 6 ports autonomes français. Le PAB avant guerre était le 4e derrière Marseille, Le Havre et Dunkerque, à égalité avec Rouen et devant Nantes. En 2002 les résultats du trafic dans ces mêmes ports étaient les suivants (en millions de tonnes): Pour rester dans les comparaisons, jetons un regard sur l’évolution 1995-2002 |
Port |
évolution |
Marseille passe de 86,45 MT à 92,45 MT soit… |
+10,% |
Dunkerque passe de 39,38 MT à 47,59 MT soit… |
+20,8% |
Le Havre passe de 53,78 MT à 67,67MT soit… |
+25,8 % |
Rouen passe de 18,82 MT à 19,59MT soit… |
+1,0 % |
Nantes passe de 23,80MT à 31,69MT soit… |
+31,1 % |
La Pallice passe de 6,13 MT à 7,32 MT soit… |
+19,4 % |
Bayonne passe de 2,71MT à 4,17 MT soit… |
+53,8 % |
Bordeaux passe de 8,90MT à 8,61 MT soit… |
-3,36 % |
On voit donc aussitôt que le port de Bordeaux est le seul à avoir régressé depuis 1995. A quoi sert-il d’avoir un maire premier ministre, dauphin du Président et chef de la majorité? Et surtout que l’on ne vienne pas ergoter sur les fluctuations pétrolières avec des ports comme Dunkerque, Rouen ou Bayonne qui ont un pourcentage de trafic pétrolier assez mince… Si l’on se penche sur certains trafics très symboliques, le constat est tout aussi affligeant. Concernant les marchandises conteneurisées dont le volume est partout en accroissement, celui de Bordeaux stagne en plafonnant vers les 500000 tonnes; Le Verdon a perdu plusieurs compagnies régulières sans aucune compensation véritable. Mais c’est surtout la question des paquebots qui est la plus scandaleuse. Alors qu’à partir des années 80, grâce à l’initiative personnelle de 2 ou 3 personnes, ne disposant d’aucun soutien, Bordeaux avait été un des premiers ports atlantiques à recevoir des grands navires de croisière avec un trafic qui n’avait cessé de croître, passant de la vingtaine en 90 jusqu’à la cinquantaine en 2001, le nombre de paquebots s’est effondré pour tomber à 19 en 2003 alors que tous les autres ports enregistraient des accroissements de visites très spectaculaires. Pour l’exemple nous noterons que Marseille qui ne recevait aucun navire de croisière en 1990 en attend plus de 300 cette année et veut atteindre les 500 à l’horizon 2010. Quelles sont les raisons de cette débâcle? Les causes sont multiples. L’escale est chère et on ne fait rien pour en réduire les coûts. Parfois même on a imposé la présence de remorqueurs tout à fait inutiles pour de soi-disant raisons de sécurité. Mais surtout l’accueil a été très mauvais. Outre des chinoiseries ridicules toujours pour la sacro-sainte "sécurité", on a négligé totalement l’accueil des touristes en les laissant désemparés dans le dédale des barrières et des tranchées consécutives aux travaux du tramway. Les rapports d’escale des capitaines n’ont probablement pas arrangé les choses. Au lieu de tout faire pour réparer ces négligences, voilà qu’on met désormais les paquebots à la porte du centre-ville pour satisfaire aux élucubrations d’un paysagiste de passage, qui croit magnifier ce site unique de la place de la Bourse par la création d’une coûteuse flaque pour moustiques et seringues variées susceptible de générer des reflets mirobolants que personne ne viendra juger et surtout pas les croisiéristes rejetés dans les affriolants parages d’un banc d’épaves de la 2e guerre mondiale, découvrant à marée basse. Partout ailleurs en France on investit pour accueillir les touristes. A Bordeaux, on chasse les visiteurs du salon pour les cantonner dans l’antichambre. Tout cela signifie la mort programmée de ces visites, si bénéfiques pour le commerce avec des milliers de touristes dépensant souvent plus de 200 euros par personne et par jour. Comble du ridicule, on va, pour recevoir des navires qui nous auront déserté depuis belle lurette, se lancer dans l’effarante construction d’un monstrueux pont-levant qui va déshonorer le paysage tout en coupant définitivement Bacalan du reste de la ville par une infernale autoroute polluante bourrée de camions en transit alors qu’il suffisait d'un modeste franchissement urbain par voie de tunnel au gabarit réduit pour drainer les voitures des habitants de la rive droite sans les camions et qu’un télépéage aurait amorti en 30 ans. En outre personne ne sait comment s’articulera l’intersection de cette autoroute et de la ligne des quais que l’on remodèle à grands frais. En fin de compte, les Bordelais ne verront plus ces grands navires, symboles du grand large, de l’appel irrésistible du monde de l’outre mer, qui ensorcellera toujours les esprits épris de rêves, d’espace, de conquêtes. Sur ces quais, combien y a-t-il eu de naissantes vocations pour devenir qui marin, qui colon, qui administrateur ou médecin de l'outremer, qui négociant-exportateur, qui courtier maritime, tous métiers qui font autant la gloire d’une ville que l’honneur d’une population. Aujourd’hui nous n’avons pour plat principal dans le cadre de cette "reconquête du fleuve" dont on nous rebat les oreilles, que cette pitoyable "Fête du Fleuve", dérisoire fête à Neu-Neu devant des eaux glauques, désertes de tout navire, sans le charme de Nogent et sans Van Gogh. —o— Malgré ses atouts, le port de Bordeaux connaît une crise grave. Il en a vu d’autres au cours des siècles; mais il aurait pu faire l’économie de cette crise; qui n’est pas d’origine structurelle. C’est la carence, la légèreté, l’ignorance de tous les responsables successifs de la cité dont il faut faire inlassablement le procès dès qu’une occasion se présente, un débat électoral par exemple. Conduite par de médiocres notables, souvent utilisateurs incongrus de leur nom, la CCI a manqué à tous ses devoirs depuis des décennies. Obnubilée par la vigne et la forêt, elle a tourné le dos à sa vocation portuaire. Un directeur d’une entreprise importante d’export-import toulousaine a été amené à faire part de sa stupéfaction de n’avoir reçu aucun signe de Bordeaux alors qu’il était assailli de toutes sortes d’appels d’offres de la part des acteurs du commerce maritime de Bayonne, La Pallice, Sète, Port-Vendres, Marseille et même Nice. Dès lors on ne s’étonnera pas de voir les responsables du PAB chercher leurs fins de mois dans la vente des bijoux de famille. Faute de navires, on réduit les frais et on vend des terrains. Ce n’est plus un port mais une entreprise foncière qui vend des terrains. Le Port, premier agent immobilier du département, qui l’eut cru? Heureusement le bas de laine était bien rempli car il reste quelques 1500 hectares dont 900 au Verdon, 70 à Ambès, 270 au nord de Bassens. Ces terrains-là qu’on les vende ou qu’on les loue, oui certes, mais pour des implantations prometteuses d’usines, d’entreprises commerciales ou industrielles modernes, soucieuses des technologies de demain. Il y en a certainement, intéressées par ces grandes surfaces que l’on ne trouve guère ailleurs dans les parages des grands ports. Il faut chercher avec patience, avec obstination. Et surtout vouloir. Alors le bassin d’emplois directs et indirects de l’estuaire pourra redevenir le premier bassin d’emplois départemental (avant l’hôpital) qu’il a été jusqu’à 1970. Hélas, aujourd’hui on se contente de brader les admirables bassins à flot, avec 2 belles cales sèches et un atelier de réparation navale, toujours en activité, au mépris de toute perspective à long terme, pour satisfaire tous les appétits suspects autour de l’implantation d’une vague marina, source inépuisable de florissantes spéculations foncières. Quant aux derniers hangars de la rive gauche, on en a fait des quincailleries et des jardineries sans daigner conserver le moindre vestige, la moindre maquette révélatrice d’un glorieux passé, susceptible de marquer au moins les esprits des jeunes générations. Qui renie son passé, se prive de tout avenir. A la fin du XVIIIe siècle, BORDEAUX était le premier port du continent européen. Il est aujourd’hui le 29e. Messieurs les responsables locaux de ce dernier quart de siècle, vous aurez des comptes à rendre auprès des générations de ce XXIe qui, répétons-le, "sera maritime ou ne sera pas". MAIS BORDEAUX SERA-T-IL ? Jean Mandouze _________________________ [Rem: données valables pour "l’ère JUPPE" (comme dit J. M.), car écrit avant 2005, année où la fête du fleuve ressemblait, sous le nouveau maire, à une mini Cutty Sark ! 8 ] |
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